• Maladies et médicaments

    Parmi les idées reçues très fréquentes à propos de l'allaitement, il y a la croyance que la maman qui allaite ne peut prendre aucun médicament car ce serait dangereux pour la santé de son bébé. Parfois, la maman se verra refuser un traitement qu'elle prenait pendant sa grossesse. Pourtant, le fœtus est bien plus fragile que le nourrisson et le passage par le placenta est souvent plus important que le passage dans le lait.
    De la même façon, on conseillera souvent à une mère malade de suspendre l'allaitement jusqu'à son rétablissement pour ne pas contaminer son bébé. Mais est-ce justifié ?

    Les maladies

    · Petites infections courantes

    Aujourd'hui est un mauvais jour, vous voilà affublée d'une grippe, d'une gastroentérite ou encore d'une sinusite. Pour commencer, votre belle-mère vous dit que vous devez sevrer votre bébé parce que la fièvre rend le lait définitivement empoisonné, ensuite votre médecin vous annonce que vous devez au moins tirer votre lait et le jeter pour ne pas transmettre la maladie à votre bébé. Eh bien, tout cela est faux. Pour commencer, en aucun cas le lait ne devient mauvais pour l'enfant quelle que soit la maladie dont souffre sa mère. En revanche, elle pourra constater une baisse de lait due essentiellement à la fatigue occasionnée, raison de plus pour s'économiser. Ensuite, l'enfant est exposé à la maladie bien avant l'apparition des symptômes chez sa mère. De plus, on constate une transmission de la maladie entre les membres d'une même famille sans pour autant que ces derniers soient allaités. Bien au contraire, le lait maternel, de par ses propriétés particulières, notamment les anticorps qu'il contient, peut permettre au bébé allaité d'éviter la maladie ou de ne l'avoir que sous une forme atténuée. Pour finir, un sevrage brutal représente des risques non négligeables. Pour la maman, tout d'abord, qui risque un engorgement voire une mastite. Pour le bébé ensuite, qui peut ne pas supporter du tout le lait industriel. Sans oublier les répercussions psychologiques d'un sevrage dans ces conditions.
    Autre situation : les soins dentaires. Ces derniers sont compatibles avec l'allaitement, y compris l'anesthésie qui est parfaitement compatible avec l'allaitement comme toutes les anesthésies locales (et même générales, voir plus bas). Attention toutefois lors de la dépose d'amalgames au mercure qui nécessite des précautions particulières, précautions que le praticiens doit prendre pour tous les patients, mère allaitante ou non, y compris pour lui-même. Par sécurité, vous pouvez prendre du charbon de Belloc avant et après l'intervention.

    · Maladies graves et hospitalisation

    Rares sont les maladies qui représentent réellement une contre-indication à l'allaitement, la plupart ne posent pas de problèmes particulier. Par exemple, il est possible d'allaiter même si l'on souffre de diabète, d'épilepsie, d'asthme, de sclérose en plaques, de cancer, etc. Je parle bien sûr de la maladie elle-même, j'évoquerai plus loin le cas des médicaments. Beaucoup de mères constatent même une amélioration de leur maladie pendant la grossesse, amélioration prolongée par l'allaitement, c'est le cas du diabète par exemple. Le cas du virus HIV est très particulier, on a d'abord préconisé le non-allaitement mais les avis évoluent sur ce sujet, difficile de trancher sur la question.
    En cas d'hospitalisation, il faut savoir qu'une anesthésie, même générale, n'est pas une contre-indication à l'allaitement. Si on vous parle de sevrage pour cette raison, rétorquez que cela ne semble pas les gêner en cas d'accouchement ou de césarienne en urgence. La mère peut mettre son bébé au sein dès qu'elle s'en sent capable.
    Le cas du cytomégalovirus (CMV) : il arrive que l'on déconseille voire interdise l'allaitement à une future maman porteuse de ce virus. C'est injustifié. Si le bébé est né à terme, il sera naturellement immunisé grâce à la transmission par le lait maternel. Chez les grands prématurés, ce virus peut entrainer une maladie grave mais il suffit de pasteuriser le lait de sa mère avant de le lui donner.
    Concernant la toxoplasmose, aucun cas de transmission par le lait maternel n'a été rapporté. Elle est de toute façon sans danger pour le bébé, c'est pour le fœtus qu'elle est dangereuse.

    · Examens et analyses

    On peut subir une prise de sang quand on allaite (on peut même donner son sang passé les 6 premiers mois suivant la grossesse).
    On peut passer une radiographie, y compris si celle-ci nécessite l'absorption ou l'injection d'un produit de contraste.
    On peut passer une mammographie pendant l'allaitement. Toutefois, le lait étant opaque, les résultats seront plus difficiles à lire (mais pas impossible). Il faut donc que les seins soient bien vidés avant l'examen, et dans ce domaine le bébé est plus efficace qu'un tire-lait. De plus, l'allaitement peut laisser des calcifications dans les seins (appelées "microcalcifications lactationnelles"), sans que cela soit un problème, il faut le savoir car ces calcifications sont souvent considérées comme un signe possible de cancer.

    · Problèmes liés à l'allaitement

    Les crevasses sont dues à une mauvaise position du bébé au sein ou à une mauvaise technique de succion (induite par une confusion sein-tétine par exemple). L'arrêt ou même la suspension de l'allaitement n'est pas la solution et limiter les tétées non plus. La première chose à faire est de faire évaluer la succion et la position par une personne compétente, de préférence une animatrice LLL ou une consultante en lactation. Pour soigner les crevasses vous pouvez utiliser les compresses au lait maternel : imbiber des compresses de lait maternel frais, placez-les sur les seins et recouvrez-les de film alimentaire. Coincez le tout dans le soutien-gorge et changez-les régulièrement.
    L'engorgement a pour meilleur traitement les tétées fréquentes ainsi que la mastite (aussi appelée lymphangite en France bien que le terme ne soit pas le mieux adapté). Cette dernière se manifeste par un sein dur et très douloureux, un syndrome grippal avec courbatures et fièvre, éventuellement un placard rouge sur le sein touché (qui peut ne pas apparaitre les premiers jours). Le traitement est repos et tétées fréquentes (ou expression du lait au tire-lait, au moins toutes les deux heures). N'hésitez pas à prendre du paracétamol ou de l'ibuprofène pour la fièvre. Suspendre l'allaitement ne ferait qu'empirer les choses, j'insiste sur ce point, c'est souvent le conseil d'arrêter l'allaitement à cause d'un engorgement qui conduit à une mastite, donc ne suivez pas ces mauvais conseils.
    L'abcès est extrêmement rare. Bien souvent, ce qui est pris pour un abcès n'est qu'un engorgement très localisé ou une mastite. Le Dr Jack Newman préconise la poursuite de l'allaitement même en cas d'abcès si le bébé ne refuse pas le sein. Le lait, en tout état de cause, ne devient pas mauvais et encore moins dangereux pour l'enfant. Le traitement de l'abcès est l'évacuation du pus, si votre médecin diagnostique un abcès mais se contente de vous prescrire des antibiotiques voire des anti-inflammatoires (ou rien à part la suspension de l'allaitement), soit vous avez un abcès et ce sera inefficace, soit vous n'avez pas d'abcès.

    Les médicaments

    Quand une mère allaitante est malade, si on ne lui conseille pas le sevrage à cause de la maladie elle-même, ce sera bien souvent à cause du traitement à prescrire. Quelle mère ne s'est pas entendu dire : "je ne peux pas vous traiter si vous allaitez", ou encore : "vous devez tirer votre lait et le jeter". Or, c'est faux dans la grosse majorité des cas alors pourquoi ce comportement ?

    · La bonne source d'information

    La quasi majorité des médecins choisissent un traitement en s'appuyant sur leur "bible" des médicaments, à savoir le dictionnaire Vidal. Or, cet ouvrage n'est PAS une bonne source d'informations à propos de l'allaitement maternel. La raison en est simple : le Vidal reprend les informations données par les laboratoires pharmaceutiques que l'on peut également trouvées sur la notice fournie avec chaque médicament. Or, rares sont les laboratoires qui testent leurs produits pendant la grossesse et l'allaitement et, pour éviter d'engager leur responsabilité, ils déconseillent l'usage du médicament par principe de précaution. Le dictionnaire Vidal peut donner des informations utiles sur le mode d'action du médicament, sa demi-vie par exemple, mais s'en contenter est largement insuffisant.
    Toutefois, ce n'est pas parce que la laboratoires ne testent pas leurs produits chez des mères allaitantes que personne ne le fait. Des études expérimentales sont régulièrement publiées dans des revues scientifiques tout à fait sérieuses. Vous trouverez en fin de dossier une liste des bonnes sources d'informations sur le sujet. L'association La Leche League dispose d'un département spécialisé dans l'information et la formation des professionnels de santé. Les animatrices ont accès à cette information, aussi n'hésitez pas à faire appel à elles pour en savoir plus sur le traitement qui vous est prescrit.

    · Ce qu'il faut savoir

    En réalité, très peu de médicaments sont réellement incompatibles avec l'allaitement. Un médicament compatible avec la grossesse ne l'est pas forcément avec l'allaitement. Toutefois, la quantité de produit que l'enfant recevrait par le lait maternel est en général inférieure à celle qu'il aurait reçue dans le ventre maternel. De plus, un nourrisson est moins fragile qu'un foetus.
    En revanche, un traitement utilisable en pédiatrie est généralement utilisable pendant l'allaitement à de très rares exceptions près. En effet, l'enfant recevra une dose très inférieure à celle qu'il aurait reçue s'il était traité lui-même.

    · Quelques exemples

    Parmi les antidouleurs et antifièvre, le paracétamol est le premier choix, rares sont les médecins qui le contesteront. Si on recherche également un effet anti-inflammatoire, alors l'ibuprofène est le meilleur choix. Si votre médecin refuse de vous prescrire de l'ibuprofène, contestez que le magazine Prescrire le cite parmi les antalgiques compatibles dans son numéro de décembre 2004 (lire le résumé). En revanche, on évitera l'aspirine sauf pour de très courtes durées (elle a tendance à s'accumuler dans le lait et son usage chez les enfants est de plus en remis en question).
    La plupart des antibiotiques ne posent aucun problème pendant l'allaitement, en particulier les pénicillines couramment prescrites aux nourrissons.
    Tous les traitements homéopathiques sont compatibles avec l'allaitement (je parle bien d'homéopathie et pas de phytothérapie ou d'huiles essentielles).
    En cas de gastro, le motilium est compatible (à certaines doses, c'est même un galactogène) ainsi que le smecta.
    D'une façon générale, les produits d'usage local sont compatibles, que ce soient les pommades, ovules vaginaux, lotions, sprays nasaux, etc.

    Source :
    www.lelienlacte.com

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