• En voilà une belle initiative : la maternité de Cambrai va bientôt équiper sa structure de 10 lits « Cododo » permettant à la mère de dormir aux côtés de son enfant.

    Dans l'optique d'obtenir le label « Hôpital Ami des Bébés » cette maternité revendique sa position : favoriser le lien entre la mère et l'enfant et faciliter l'allaitement.


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  • Les pleurs sont un signe de stress, un cri de détresse à la séparation.
    Laisser pleurer un bébé pour s'endormir, encore plus s'il est seul, a diverses répercussions tant psychologiques que physiologiques, à court et à long terme (J. MacKenna, Les dossiers de l'allaitement, 2005). Des altérations biochimiques dues au stress modifient la structure cérébrale avec des conséquences à long terme, par exemple une sensibilité au stress. Un bébé qui pleure dépense également beaucoup d'énergie qui aurait pu être utilisée pour se développer. Un enfant qui s'endort en pleurant fuit dans un sommeil de stress qui n'est alors pas apaisant. Le lien d'attachement risque de s'en trouver perturbé chez l'enfant comme chez la mère. On sait également depuis longtemps que si l'on répond rapidement à un bébé, il pleurera quotidiennement moins souvent et moins longtemps et il trouvera d'autres moyens pour s'exprimer (S.M Bell, Child development, 1972). Mais attention, ce n'est pas parceque les pleurs s'arrêtent, ou que l'enfant ne réclame plus les jours suivants, qu'il va bien. Le bébé adopte un comportement de repli, d'évitement et de résignation afin de faire face au stress de séparation. Il risque d'avoir moins confiance en ses parents et autres adultes qui ne lui répondent pas. Ces réactions face au stress sont d'autant plus délétères que l'enfant a un cerveau immature lors de ses premières années de vie.

    Source : Magazine "Grandir Autrement" Mai-Juin 2007

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  • Dormir avec son bébé est un comportement humain banal, c’est à dire largement pratiqué et qui a des implications sur la vie quotidienne, sur les relations familiales et les représentations que nous en avons. Les besoins du bébé sont analysés de façons fort différente, que l’on souhaite dormir avec lui ou au contraire qu’on essaye de le mettre à l’écart. Voilà une liste sans doute incomplète des bénéfices que peut apporter le sommeil partagé à votre famille.

     

    Ne plus avoir peur

    Vous souvenez-vous de la dernière fois que vous êtes descendue seule à la cave alors que la nuit était tombée ? Et pour ceux qui habitent à la campagne, quand vous sortez la nuit fermer la porte du garage ou chercher le livre oublié sur un coin de pelouse, ne vous arrive-t-il pas de presser le pas avec un petit sentiment d’inquiétude ? Et ce bruit inconnu qui a surgit soudainement dans la nuit au milieu du murmure familier alors que vous étiez dans votre lit en train de vous endormir. Est-ce vous ou votre compagnon qui êtes allé vérifié que la porte de la maison était bien fermée ? L’obscurité, même à l’âge adulte, est source d’inquiétudes. Nous nous sentons vulnérables, à la merci d’un prédateur quel qu’il soit, réel ou fantasmagorique. Comme tous les animaux, nous ne pouvons dormir que dans un environnement suffisamment sûr, car au danger de l’obscurité s’ajoute avec le sommeil la diminution de notre vigilance. Donc pourquoi faudrait-il encore se compliquer les choses en rajoutant à tout ceci la solitude ? Voilà l’une des raisons principales qui nous poussent, nous et nos bébés, à dormir ensemble : nous protéger et chasser la peur de la nuit. Ce n’est pas parce que nous vivons dans des habitations modernes avec digicode et interphone pour certains que cette inquiétude s’est totalement évanouie : nous avons encore bien des réactions d’homme de Cro Magnon et la raison a bien peu à dire dans ce domaine. Ainsi ce jeune pompier new-yorkais, après les attentats du 11 septembre 2001, qui est allé retrouvé sa famille, et a réveillé son fils pour le faire dormir avec lui, dans son lit[1] : la peur, le stress, invitent parents et enfants à se rassembler pour se protéger et se rassurer.

     

    Se reposer … enfin


    La conséquence immédiate de cette sécurité éprouvée par le bébé qui dort avec un ou deux parents, est le calme des nuits sans pleurs, sans réveil, sans interruptions fatigantes. Ne plus se lever pour s’occuper du bébé la nuit est évidemment plus reposant pour tout le monde. On a vu que les réveils étaient normal pour un jeune enfant, et qu’il n’était pas raisonnable d’attendre d’un bébé allaité de six mois des nuits de 10 heures sans interruption. Mais quand il sent la présence de sa mère et/ou de son père, le bébé ne se réveillera souvent pas complètement (en tous les cas, les manifestations bruyantes seront fortement diminuées). Même les tétées se font dans un climat propice à l'endormissement, et de nombreux bébés tètent littéralement « en dormant ». De même, la mère n’a qu’à se pencher pour donner le sein, et bien souvent elle n’aura aucun souvenir de la fin de la tétée, se rendormant bien avant. Isabelle, maman d’un bébé de trois mois qui dort à ses côtés, déclare ainsi lors d’une réunion : « ce matin, quand je me suis réveillé, j’ai dit à mon mari : tiens, le bébé ne s’est pas réveillé. Il m’a répondu en rigolant que j’avais vraiment la mémoire courte, et qu’il l’avait bien observé en train de téter le sein cette nuit ! ». Le matin, au lieu de se lever pour chercher un bébé qui pleure puis de vous en occuper activement, il suffira d’avoir à proximité quelques jouets pour l’occuper pendant que vous continuerez de somnoler et de faire la grasse matinée. Ce qui retarde les réveils du dimanche matin, l'un des cauchemars des parents !

    Le repos des parents et du reste de la famille (le bébé ne pleurant pratiquement jamais), sera le bénéfice le plus évident du sommeil partagé. Je me souviens des premières années, quand mes deux enfants Thomas et Clément avaient moins de trois ans. Ils avaient évidemment leur propre lit, dans lequel je pensais qu’ils devaient dormir paisiblement toute la nuit. Mais bien sûr, il n’en était rien. Souvent je me levais la nuit et restais un moment à leurs côtés pour les rendormir. Les endormissements étaient également très longs, je passais mes soirées assise à la porte de leur chambre en attendant qu’ils s’endorment. J’étais souvent épuisée le jour suivant ses nuits hachées : du genre marmotte, il me faut au moins huit heures de sommeil pour récupérer. Mais je ne pouvais pas non plus les laisser pleurer : d’abord parce que mon cœur de mère s’y opposait farouchement (et le « cœur de père » de mon mari également) ; ensuite parce que réveiller tout l’immeuble par des cris me semblait impossible. Il m’arrivait d’étendre un petit matelas, bien inconfortable, que je complétais avec quelques coussins, pour finir ma nuit, la main sur le berceau, en essayant de maintenir un léger balancement le plus longtemps possible. Je crois même qu’il m’est arrivé de dormir directement sur la moquette de leur chambre !

     

    Le plaisir d’une proximité réelle


    Dormir avec son bébé, c’est partager des moments d’une grande intimité. Il est possible d'observer ses mouvements quand il dort, de surveiller sa respiration, d'entendre ses moindres murmures. C’est une communication directe qui s’établit en court-circuitant notre cerveau « intelligent », et reliant directement les inconscients entre eux. La mère peut alors rassurer son enfant d’une caresse, d’un murmure, en lui prenant la main ou par sa simple présence et le souffle régulier de sa respiration. Dormir ensemble, ce n’est pas seulement sommeiller ensemble. C’est aussi se serrer l’un contre l’autre, se toucher, se sentir. C’est laisser sa personnalité intime s’exprimer dans un abandon total. Souvent, les bébés auront des mouvements instinctifs d’agrippement, de recherche de contact vers leur mère. Celle-ci ressentira une grande joie à sentir ainsi tout l’attachement profond (profond car hors de son contrôle) de son bébé pour elle. Elle y répondra elle-même par des mouvements « réflexes », et cette communication très primitive aura une répercussion sur leur relation. Dormir ensemble c'est donc pour la mère et l'enfant approfondir leur connaissance l'un de l'autre, particulièrement dans le champ du non-conscient, tant il est vrai que si l'éveil se place sous le signe de la volonté, le domaine du sommeil est celui de l'inconscient. Je me souviens encore du plaisir que j’avais à sentir le corps chaud de mon bébé, d’entendre sa respiration tranquille et ses légers soupirs ; également, ses bras qui soudain m’enlacent, sa bouche qui, alors qu’il n’était pas tout à fait réveillé, attrape mon sein pour téter ; et son odeur, cette odeur si particulière du bébé allaité qui transpire un peu, cette odeur enivrante qui m’appelait, mon nez enfoui dans ses cheveux, sa tête entre mes seins. Je me souviens du grand plaisir que j’éprouvais quand je rejoignais Camille ou Marin pour m’allonger près d’eux ; plaisir si grand que je m’endormais en deux minutes, parfois même malgré moi. C’est également un plaisir sans pareil que de se réveiller avec son bébé. Sortir du sommeil pour voir la joie l’illuminer quand son premier regard se pose sur vous est une véritable récompense.

     

    La confiance en soi


    C’est un corollaire immédiat du bénéfice précédent : le plaisir et la satisfaction ressentis par la mère favoriseront le développement de son narcissisme (c’est à dire de la bonne image qu’elle a d’elle-même), et donc sa relation avec le bébé. La confiance en soi peut-elle être mieux nourrie que par la certitude quotidiennement renouvelée de voir son propre corps servir de nid sécurisant pour son bébé ? Le visage d’un enfant calmement endormi et abandonné contre soi est sans nul doute un des signaux les plus puissants qui puissent assurer aux parents que tout va bien et qu’ils s’occupent bien de leur enfant. Les mères qui allaitent connaissent bien cette certitude qui les habite quand en fin de tétée le bébé s’endort, une perle de lait au coin des lèvres.

     

    L’allaitement facilité

     Le sommeil partagé trouve tout son intérêt quand le bébé est allaité au sein : le bébé et sa mère se réveillent à peine pendant les tétées, ils ont juste à se rapprocher un peu plus, et pour le bébé, à ouvrir la bouche et attraper le mamelon, ce qu’il sait rapidement faire dans le noir complet avec une grande expertise. Dormir avec son bébé favorise l’allaitement :

    les études montrent que les mères qui dorment avec leur bébé allaitent plus souvent et plus longtemps la nuit que les mères qui font dormir leur bébé à l’écart. Le sommeil partagé est également associé dans les études à une plus grande durée de l’allaitement. Est-il une cause ? Est-il une conséquence ? Il n’est pas facile de le dire. Ce comportement n’a souvent pas les faveurs de nos contemporains : choisi en dernier lieu parce qu’on n’arrive pas à faire dormir le bébé seul, le sommeil partagé est donc bien souvent une conséquence. Au contraire, l’allaitement est valorisé de nos jours : choisi, désiré, il a toutes les chances d’être une cause ! Les choses sont ainsi faites : la représentation que nous en avons les attire vers des catégories (cause ou conséquence) que notre esprit cartésien se plait à croire indépendantes du contexte. Mais en tout état de fait, l’expérience quotidienne de milliards de femmes prouve l’utilité de ce comportement où la proximité est favorisée. Et pour une fois, le bon sens pourrait suffire. On sait aujourd’hui que plus que la durée des tétées, c’est leur fréquence élevée qui est un facteur tout à fait positif pour la production de lait. De nombreuses mères chez nous interrompent l’allaitement par « manque de lait ». En fait, comme nous l’avons vu dans le premier chapitre, il s’agit de mauvaises pratiques d’allaitement, dues à l’ignorance des règles simples qui en assurent le succès. Les tétées nocturnes fréquentes sont alors précieuses et un moyen simple de faciliter l’allaitement.

    Enfin pour les mères qui sont séparées de leur bébé la journée, c’est une façon sans pareille de maintenir l’allaitement, en favorisant des tétées nocturnes reposantes. C’est également valable pour un bébé très actif la journée[2]. Donner le sein la nuit, et en plus sans effort, voire même en dormant, est en fait une chance pour la mère et son enfant. Peut-on rêver mieux que de permettre à une mère de nourrir et de réconforter son bébé et ce sans aucune fatigue puisque en dormant ? Pourquoi se priver alors d’une telle facilité ?

     

    Certaines difficultés d’allaitement seront plus facilement résolues si la mère dort aux côtés de son bébé. Permettre au bébé de téter le plus souvent possible la nuit peut être nécessaire pour certains bébés trop calmes, ou qui gagneraient à prendre plus de lait[3]. Il arrive que certains bébés refusent brusquement de téter leur mère : c’est alors souvent la nuit que, dans un état de demi-sommeil, ils se remettront à effectuer ce mouvement de succion instinctif qui mettra fin à cette « grève de la tétée ».

    Si le bébé est nourri  au biberon, ces derniers peuvent être préparés à l’avance et laissés à portée de main. Ils seront évidemment moins facilement donnés que le sein qui ne nécessite que très peu de mouvements de la part de la mère et de son bébé. D'une façon générale, moins vous vous déplacerez, moins vous déplacerez le bébé et plus calme seront les nuits.

     

    Une adaptation rapide à tous les changements de la vie quotidienne


    En cas de changement de lieu de vie (vacances, visite chez la famille ou des amis, voyages, déménagement, …), le bébé aura toujours votre présence comme point de repère. Quand je partais avec mes trois premiers enfants dans la maison de campagne de mes parents, les nuits devenaient véritablement un cauchemar : les réveils se multipliaient, les enfants inquiets dans un nouveau lit, avec des odeurs étrangères, sans repères (le doudou n’est pas toujours suffisant dans ce cas). Le bébé qui dort contre ses parents habituellement sera nettement moins perturbé. Dormir dans un grand lit avec ses parents est commode à tous les points de vue : inutile de prévoir un lit d’enfant, une seule chambre sera suffisante et aucun matériel spécial pour le bébé ne sera nécessaire. Vous pouvez aller ainsi n’importe où, sans aucune contrainte matérielle.

     

    Surveiller et rassurer son bébé


    Dormir tout contre son bébé permet d’être très vite averti de tout problème le concernant. Je me souviens de Camille qui avait très rapidement des érythèmes fessiers. Y compris quand elle était exclusivement allaité, la moindre selle pouvait lui causer une irritation de la peau en quinze minutes. Comme les selles d’un bébé allaité ne sentent pas très fort, même en dormant à ses côtés il m’est arrivé de ne pas me rendre compte immédiatement que ma fille avait salie sa couche. Mais après lui avoir donné plusieurs fois le sein sans qu’elle ne retrouve le sommeil, j’inspectais  sa couche pour bien souvent déceler un érythème naissant. Aurais-je réagis aussi vite si j’avais dormi loin d’elle ? Egalement il m’est arrivé plusieurs fois de sentir mon bébé devenir anormalement chaud, et détecter ainsi très rapidement une montée de fièvre. Je me souviens encore de Marin qui s’est mis à tousser et à avoir des difficultés à respirer à cause d’une laryngite. Là encore, j’étais bien heureuse de pouvoir agir rapidement, dès les premières respirations rauques qui effraient tant les mamans, avant même que le bébé ne se réveille complètement et prévenant ainsi autant que possible ses pleurs et sa peur (qui n’améliorent jamais la situation). Rester auprès d’un bébé malade paraît le plus souvent indispensable à tous les parents.  Cette inquiétude est normale et tout à fait positive : je ne crois pas à la contamination de l’angoisse des parents vers le bébé. Il ne s’agit pas d’angoisse, mais d’intérêt et de sollicitude que seuls les parents peuvent ressentir. Ni le médecin, ni aucun professionnel n’auront de tels sentiments qui sont évidemment à la base des soins affectueux. Même les médecins les plus aguerris deviennent d’un sentimentalisme jugé excessif dans notre société quand il s’agit de leurs propres enfants. Si c’est le rôle des professionnels que de garder une certaine distance pour faciliter un diagnostique objectif, c’est bien celui des parents que de se préoccuper de leur bébé. Sentir que son bébé ne va pas bien est encore plus facile quand il est allaité car il se met à téter plus souvent dans ce cas (parfois avant même l’apparition des symptômes). La connaissance intime et permanente de son bébé facilite le repérage de tout problème et permet de donner vite l’alerte.


     


    [1] Reportage de France 3 diffusé le 11 septembre 2002.

    [2] A partir d’un certain âge, par exemple au début de l’acquisition de la marche, le bébé est tellement absorbé par ses nouvelles possibilités qu’il se montre souvent moins intéressé par la tétée.

    [3] Si la courbe de poids ne doit pas devenir une épée de Damoclès suspendue au-dessus des mères et de leur bébé, certains bébés auraient bien besoin de quelques tétées supplémentaires.


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  • Quand chez nous, on devient parent pour la première fois, on n'a généralement qu'une idée très vague des besoins d'un bébé et des meilleures façons d'y répondre.

    C'est particulièrement vrai pour tout ce qui concerne le sommeil, où des attentes souvent irréalistes engendrent inquiétudes (mon enfant est-il normal ?), fatigue, rancœurs (cet enfant m'épuise), envie de dressage, etc.

    Aussi n'est-il pas inutile de donner d'abord quelques faits, fondés sur la physiologie et l'observation.

    Quelques faits en vrac

    On sait que le petit d'homme naît prématuré, si on le compare à l'état d'"achèvement" de beaucoup d'autres petits de mammifères. Cet "inachèvement" est notamment vrai pour le sommeil, qui va peu à peu s'organiser au cours des mois et des années.

    A la naissance, les cycles de sommeil sont beaucoup plus courts que chez l'adulte : 50 minutes contre 90 minutes. Ils vont peu à peu s'allonger jusqu'à l'adolescence.

    En phase de sommeil paradoxal (= "sommeil agité" chez les nouveau-nés), le réveil est difficile chez l'adulte, facile chez l'enfant.

    Comme le dit le Dr Françoise Delormas, "connaître les cycles permet d'accepter les rythmes de sommeil et d'éveil chez les tout-petits sans dramatiser : leurs cycles sont plus courts que les nôtres, dans un sommeil encore fragile, mal structuré. A chaque fois qu'ils passent d'un cycle à un autre, ils peuvent se réveiller : ils babillent ou restent tranquille-ment les yeux ouverts, ou pleurent".

    Avant 3 mois, il n'y a pas d'organisation circadienne (= sur 24 heures). Après 3 mois, l'influence circadienne augmente, les périodes de sommeil stable s'allongent pendant la nuit, le "sommeil agité" diminue dans la journée. Mais l'organisation circadienne n'est pas terminée avant 2 ans.

    La proportion d'enfants qui recommencent à se réveiller la nuit augmente après 9 mois pour être à son maximum dans la deuxième année. A 3 ans, 20 à 35 % des enfants se réveillent encore la nuit et cela diminue jusqu'à 5 ans (Dr Nédelcoux du Service d'explorations fonctionnelles du système nerveux au CHU de Bicêtre, 1995). D'après le Dr Jalin (consultation des troubles du sommeil à l'hôpital St Vincent de Paul), les chiffres seraient même plus importants : entre 2 et 3 ans, 60 % des enfants se réveilleraient au moins une fois par nuit, mais seuls 5 % auraient un vrai trouble du sommeil (Que Choisir, janvier 1991). Une toute récente enquête, conduite à Lyon avec 147 enfants de moins de 18 mois, montre que 65 % se sont réveillés dans la nuit et ont gardé les yeux ouverts pendant plus de 20 minutes.

    Une étude finlandaise portant sur 270 bébés âgés de 0 à 12 mois, avaient donné les résultats suivants (1990) :

    - jusqu'à 3 mois, les bébés dormaient un total de 15 h en moyenne (fourchette de 12 à 20 h), 90 % se réveillaient au moins une ou deux fois par nuit,

    - de 3 à 5 mois, près des trois-quarts se réveillaient une ou deux fois,

    - de 6 à 8 mois, les deux-tiers se réveillaient une ou deux fois,

    - de 9 à 12 mois, 47 % se réveillaient une ou deux fois.

    Il est normal pour le bébé de se réveiller la nuit

    Face à cette accumulation de chiffres, la question qui vient naturellement à l'esprit, c'est : si tant de bébés se réveillent la nuit, n'est-ce pas parce que cela répond à un besoin physiologique ?

    L'anthropologue James J. McKenna, qui avec son équipe de l'Irvine School of Medicine (Université de Californie), étudie le sommeil des bébés dans son laboratoire depuis de nombreuses années, relie ces réveils à l'immaturité du petit humain à la naissance.

    On sait que l'apparition de la bipédie a entraîné une modification du bassin et un rétrécissement du canal de la naissance. Dans le même temps, le cerveau de l'homme a beaucoup augmenté de volume. Tout cela a fait que pour pouvoir naître par les voies naturelles, le petit d'homme doit naître prématurément, avant que son cerveau et son crâne n'aient atteint une taille telle que "ça ne passerait pas" (rappelons qu'à la naissance, le cerveau humain n'a que le quart de sa taille adulte, contre 45 % chez les chimpanzés, les primates les plus proches de nous).

    Cette prématurité porte sur tous les organes et systèmes, et notamment sur le cerveau. Pour McKenna, la médecine et la société occidentales modernes considèrent que les bébés sont physiologiquement autonomes à un âge où ils ne le sont sans doute pas encore, et où ils ont encore besoin d'être "assistés" par la proximité de l'adulte.

    Quand le bébé dort seul, il a plus de sommeil profond (phases 3 et 4), à un âge où ses mécanismes d'éveil ne sont pas encore au point. Or l'on sait que la mort subite du nourrisson traduit entre autres une déficience de la capacité à se réveiller. Les réveils nocturnes seraient donc un facteur de protection contre la MSN.

    Et il est particulièrement simpliste de décréter, comme le font tant d'"experts" sur le sujet, qu'au-delà de 8 semaines et un poids de 5 kg, les bébés ont des réserves énergétiques suffisantes pour "tenir" toute la nuit sans manger, et qu'il est donc temps de commencer le dressage si l'enfant ne "fait" pas encore ses nuits : les réveils nocturnes ne servent pas qu'à assouvir la faim.

    Robert Wright, quant à lui, explique ces réveils de façon très imagée : "Peut-être bien que le cerveau des bébés a été façonné par des millions d'années de sélection naturelle où les mères dormaient avec leurs bébés. Peut-être bien qu'autrefois, si un bébé se retrouvait tout seul la nuit, c'était souvent très mauvais signe (la mère avait pu être dévorée par une bête sauvage, par exemple). Peut-être bien que le cerveau des tout-petits est programmé pour réagir à cette situation en hurlant, de sorte que toute personne proche l'entende et puisse le trouver. Bref, peut-être bien que si les enfants laissés seuls semblent terrifiés, c'est tout simple-ment parce qu'ils sont naturellement terrifiés".

    Le sommeil partagé

    On parle de sommeil partagé lorsque la mère et l'enfant dorment dans une proximité suffisante pour permettre à chacun de percevoir les signaux et messages sensoriels de l'autre : cela peut être bien sûr l'enfant dans le lit familial, mais aussi l'enfant dans un petit lit accroché "en side-car" au grand lit, le bébé dans son berceau dans la chambre des parents, l'enfant sur un petit matelas collé au grand lit, etc.

    McKenna a observé que le sommeil de bébés dormant à proximité des parents (co-sleeping) est différent du sommeil de bébés dormant dans une pièce séparée. En cas de co-sleeping, il y a plus de sommeil léger (phases 1 et 2), plus de réveils et de réveils simultanés mère/enfant, augmentation du nombre et de la durée des tétées nocturnes, beaucoup plus de contacts physiques mère/enfant, quatre fois plus d'"inspections maternelles" (toutes les fois où la mère, sans même s'en rendre compte ni se réveiller, vérifie que l'enfant va bien, n'a pas froid ou chaud, remet une couverture ou l'enlève, etc.). Comme l'écrit McKenna, "cette façon de dormir permet à la mère (et au père) de réagir rapidement si l'enfant pleure, s'il s'étouffe ou encore s'il a besoin qu'on lui dégage les voies nasales, qu'on le rafraîchisse, qu'on le caresse, qu'on le berce ou qu'on le prenne dans les bras. Cela contribue à régulariser la respiration de l'enfant, son sommeil, ses modes d'éveil, son rythme cardiaque et sa température".

    Et paradoxalement, cette façon de faire est aussi la meilleure façon de préserver le sommeil des parents. En effet, même si elle augmente le nombre des réveils nocturnes, elle diminue le temps d'éveil. Très souvent, ni l'enfant ni la mère (ni le père !) ne se réveillent complètement. La nuit se passe, et au petit matin, on ne se souvient même pas que l'enfant s'est réveillé !

    Beaucoup de parents ont peur de rouler sur leur enfant et de l'écraser pendant la nuit, mais des études ont montré que même en dormant, les parents sont extrêmement conscients de la présence de leur bébé. Attention cependant, certaines circonstances peuvent engendrer des risques, et l'on s'accorde en général sur les précautions suivantes : pas de lit partagé en cas de tabagisme, d'ingestion d'alcool, de prise de drogues ou de médicaments diminuant la vigilance ; pas de matelas ni d'oreillers mous dans lesquels l'enfant pourrait s'enfoncer ; pas d'espace entre le lit et le mur où l'enfant pourrait tomber et rester coincé ; pas de sommeil partagé sur un canapé.

    Cette façon de faire, pratiquée depuis l'aube de l'humanité, suscite chez nous beaucoup de réticences. Les parents qui l'adoptent n'y viennent en général qu'après avoir essayé beaucoup d'autres solutions, et sont souvent critiqués par leur entourage.

    Il faut savoir que selon l'ethnologue Marcel Mauss, "l'humanité peut assez bien se diviser en gens à berceaux et gens sans berceaux (...) Dans les pays à berceaux se rangent presque tous les peuples de l'hémisphère nord" (5). Or le recours au berceau marque une distance matérielle nette entre la mère et son enfant qui, de jour comme de nuit, repose sur une couche indépendante.

    Nous sommes donc d'un pays "à berceaux", et il nous est difficile d'aller à l'encontre de notre culture. Quand nous le faisons, nous nous sentons toujours vaguement coupables. De plus, si les parents prennent l'enfant dans leur chambre ou leur lit parce qu'ils sont au bord de l'épuisement, il arrive que ça ne se passe pas bien, que les nuits soient encore plus chaotiques, et que le sommeil partagé soit alors rejeté comme une fausse solution. Il faut savoir en effet que, comme le dit l'un des témoignages des pages qui suivent, dormir à trois, ça s'apprend, comme dormir à deux. Et qu'il est très différent de dormir régulièrement avec son enfant depuis la naissance, et de tenter le sommeil partagé avec un bébé de quelques mois, avec lequel on se "bagarre" depuis quelque temps déjà autour du sommeil.

    Une étude récente a comparé les pratiques de sommeil partagé dans deux cultures très différentes, les Etats-Unis et le Japon. Au Japon, le fait que l'enfant dorme entre ses parents est appelé kawa, ce qui signifie "rivière entre les berges" : il est normal que l'enfant dorme entre deux adultes qui le protègent. Aux Etats-Unis, comme chez nous, la norme est le sommeil solitaire, ce qui retentit aussi sur les familles pratiquant le sommeil partagé. On a observé que les enfants américains qui dormaient avec leurs parents avaient plus de réveils nocturnes que ceux dormant seuls, alors que chez les enfants japonais dormant avec les parents, la fréquence des réveils nocturnes était la même que celle constatée chez les enfants américains dormant seuls

    Endormissement et rendormissement

    Nous sommes un pays "à berceaux" où pour corser l'affaire, on a décrété au début du XX° siècle que "le meilleur berceau est celui que l'on ne peut pas bercer" !

    En effet, de nos jours, les consignes données aux parents sont non seulement de ne jamais prendre l'enfant dans leur lit, mais aussi de "ne pas attendre qu'il s'endorme pour quitter la chambre". On exige de lui qu'il s'endorme seul, sans l'assistance de l'adulte et avec la seule aide d'une éventuelle sucette, de son pouce quand il le trouve, d'une peluche ou autre "doudou". "L'endormissement et l'apaisement sont perçus comme un apprentissage à accomplir par l'enfant de façon solitaire dès son plus jeune âge".

    Presque partout ailleurs dans le monde, on accompagne l'enfant dans le sommeil, soit en l'endormant au sein, soit en le berçant (dans un berceau ou dans un hamac), soit par des tapotements rythmés (Afrique), soit par des berceuses.

    Jusqu'à quand ?

    Comme pour le sevrage naturel du sein, l'idéal serait bien sûr que l'enfant puisse prendre son autonomie quant au sommeil le jour où il y sera prêt. Et dans ce cas, l'expérience montre qu'un jour, il aura envie d'avoir son lit, sa chambre (il est important qu'il ne se sente pas obligé de rester avec ses parents parce qu'il n'y aurait pas pour lui d'autre lieu où dormir dans la maison). S'il a des frères et sœurs, il aura peut-être envie de partager leur sommeil, plutôt que de se retrouver tout seul.

    Mais certaines circonstances peuvent amener à vouloir accélérer les choses.

    Il faut savoir tout d'abord que certains enfants ont des nuits vraiment très perturbées, et que cela peut être le signe d'un malaise quelconque. Certains parents ont vu de grandes améliorations à la suite de séances d'ostéopathie, de changements alimentaires, etc.

    D'autre part, nous adultes ne sommes pas égaux face au sommeil. Nous n'avons pas tous besoin du même nombre d'heures de sommeil, nous nous rendormons plus ou moins facilement après une interruption, nous arrivons ou non à faire la sieste, etc. Et donc, nous supportons plus ou moins bien les nuits entrecoupées par l'arrivée d'un bébé.

    Les besoins de l'enfant évoluent avec l'âge. Là où un nouveau-né ne peut attendre, un enfant plus grand pourra, lui, accepter un remaniement à ses habitudes. Le père arrive souvent bien, alors, à le sevrer la nuit, en allant le voir, le bercer, lui expliquer que tout le monde dort, etc.

    A chaque famille de trouver la solution qui respecte au mieux les besoins de tous ses membres, et de rester assez souple pour savoir en changer si le besoin s'en fait sentir.

    Claude Didierjean-Jouveau

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    L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé a fait part aujourd’hui dans un communiqué, du retrait du marché d’une crème pour le corps ABCDerm Maman Vergetures, des laboratoires Bioderma. Des effets indésirables (rougeurs, démangeaisons)  ont été relevés après son utilisation par plusieurs femmes enceintes.

    Si vous êtes en possession de ce produit, l’Afssaps recommande de ne pas l’utiliser et de le rapporter dans au point de vente (principalement commercialisé en pharmacie ou en parapharmacie). Le produit a été immédiatement retiré du marché.

    Les lots concernés sont ceux dont la date de péremption est antérieure ou égale à septembre 2011.

    Les laboratoires Bioderma a mis en place un numéro consommateurs pour répondre aux questions des consommateurs : 04 72 11 48 00.

    Source : communiqué de l’Afssaps, 1er avril 2009.


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