• La péridurale

    Le taux national d'utilisation de la péridurale était de 4% en 1981 et d'environ 21% en 1989. Fin 1993, certains parlaient d'une moyenne de 30 voire 40%. Aujourd'hui ce chiffre atteint plus de 80% dans certains maternités.

     

    En 1998, on estimait que 70.5% des femmes qui accouchent à l'hôpital bénéficient d'une analgésie : dont 58% de péridurale et 8.6% de rachianesthésie. Aujourd'hui on parle de 65% de péridurale, mais je suis persuadée que si on interrogeait les femmes enceintes, 90%  souhaiteraient bénéficier d'une péridurale pour leur accouchement.

     

    La plupart des femmes n'imaginent pas accoucher sans péridurale et certaines n'imaginent pas non plus que la péridurale puisse leur être refusée au dernier moment : si le travail est déjà trop avancé à leur arrivée à l'hôpital, en cas de fièvre, d'infection, de traitement à l'aspirine ou bien si leurs analyses de sang ne sont pas bonnes - troubles de la coagulation. Il arrive aussi dans 10 à 25 % des cas que la péridurale échoue (latéralisation de l'analgésie - on a mal d'un côté mais pas de l'autre - ou bien inefficacité de la péridurale) : une possibilité à laquelle peu de femmes sont préparées. Pour ces femmes là d'ailleurs, l'accouchement risque d'être assez mal vécu : elles ne sont moralement pas prêtes à ce qui les attend, anxiété, manque de préparation à "vivre" les contractions, etc.

     

     

    Même si le confort qu'apporte la péridurale n'est plus à démontrer (douleur atténuée ou inexistante, calme de la parturiente, possibilité d'intervenir très rapidement pour une césarienne ou des forceps, surveillance de la parturiente facilitée pour les équipes médicales) il s'agit d'un acte médical "banalisé", dont on oublie fréquemment qu'il comporte - comme tout acte médical - des risques.

     

    Pour les primipares, des études scientifiques ont montré que le choix d'une péridurale réduisait les chances d'avoir un accouchement normal à moins de 50%.

     

    Une étude menée en France entre 1991 et 1994 montre à quel point la péridurale influence le déroulement de l'accouchement :

     

       Sans péridurale Avec péridurale
    Césariennes 11.64% 24.87%
    Forceps 2.48% 16.04%
    Episiotomies 15.06% 47.06%
    Allaitement 75% 58%

     

    Une femme sous péridurale :

    - est quasi obligatoirement allongée sur le dos : d'où un ralentissement du travail, une moindre ouverture du bassin, une pression plus forte sur le périnée, une compression des vaisseaux sanguins (d'où mauvaise alimentation en oxygène du foetus et risque majoré d'hémorragie post partum), des douleurs dorsales (non perceptibles sur le moment mais attention au "réveil")

    - ne contrôle plus les muscles de sa vessie : elle va donc être sondée (un tube sera placé dans son urètre afin de vider la vessie) d'où un certain inconfort

    - ne contrôle plus les muscles de son utérus : ralentissement des contractions, atonie du plancher pelvien, difficultés d'engagement du foetus : elle voit ainsi la durée de son accouchement prolongée et connaît des difficultés supplémentaires à l'expulsion

    - a trois fois plus de chance de recevoir une perfusion d'ocytocines pour accélérer l'accouchement (qui induit une hypertonie utérine et augment le risque de souffrance foetale)

    - a trois fois plus de chance de subir l'utilisation de forceps pour l'expulsion

    - a plus de chances de subir une épisiotomie ou une césarienne

    - après 5h sous péridurale, sa température augmente (ainsi que celle du bébé): d'où une accélération de son rythme cardiaque et de celui du bébé : d'où une possible détresse foetale dans 5% des cas. De plus si la température du bébé est élevée à la naissance, celui-ci va subir de nombreux examens supplémentaires afin de vérifier l'absence d'infection...

     

    Parmi les autres effets secondaires possibles, on recense :

    - prurit (démangeaisons) en cas d'utilisation d'opiacés : cela concerne environ 25% des femmes

    - herpès de la bouche chez 15% des femmes sous morphine

    - nausées, vomissements (30%)

    - tremblements

    - hypotension (d'où bradycardie foetale)

    - céphalées

    - abcès au niveau de la piqûre

    - risque d'hémorragie du post partum

    - choc anaphylactique (très rare) : en cas d'allergie au produit injecté

    - paraplégie temporaire ou définitive (très rare également)

    - décès :  2 à 3 femmes par an.

     

    D'après Blandine Poitevel, sur 455 000 péridurales réalisées par an:

    - entre 45 500 et 113 750 ne donnent pas satisfaction (échec ou latéralisation de la péridurale dans 10 à 25% des cas)

    - entre 4 500 et 9 100 provoquent une brèche de la dure mère (céphalées, douleurs lombaires, photophobie, abcès, méningites)

    - 455 entraînent des complications neurologiques légères

    - 45 entraînent des complications neurologiques sévères

    - 4 entraînent des compressions médullaires

    - 2 à 3 provoquent le décès de la parturiente


    Peu d'études ont été faîtes sur les conséquences d'une péridurale sur le bébé. On estime cependant que celui-ci peut recevoir la même quantité de drogue que la mère (imaginez : vous donnez de la morphine à votre enfant !). Celle-ci met par ailleurs longtemps - parfois plusieurs jours - à être éliminée par le foie du bébé, encore immature. Les bébés nés sous péridurale ont plus de difficultés à prendre le sein. Par ailleurs, la péridurale augmentant le recours à l'ocytocine, les forceps, la césarienne, augmente par là même le risque de complications pour le bébé.

     

    Les femmes devraient donc se dire : "je vais tenter sans péridurale et si la douleur est trop forte, je demande une péridurale", au lieu de quoi le système actuel incite la majorité des femmes à partir à l'hôpital en se disant : "je vais avoir une péridurale". Les femmes seraient certainement moins nombreuses à choisir d'emblée une péridurale si on ne les y incitaient pas aussi fortement (certaines maternités exercent un véritable chantage sur les parturientes : "faudra pas vous plaindre après"), si les préparations à l'accouchement insistaient plus sur la gestion de la douleur, si les femmes étaient libres de choisir la position qui les soulagent, si elles bénéficiaient d'un véritable soutient au moment de l'accouchement (pour une femme sous péridurale, il n'y a pas "accompagnement" véritable par la sage-femme mais suivi technique et périodique), si elles pouvaient bénéficier de techniques alternatives (sophrologie, relaxation, yoga, chant prénatal, hypnose, acuponcture...), si elles pouvaient bénéficier d'un bain pendant le travail, de l'accompagnement d'une doula, d'un accompagnement global avec une sage-femme qu'elles connaissent parfaitement et en qui elles ont confiance...

    Source : http://accoucherautrement.free.fr/Peridurale.htm


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